Sous le poids de leur sauts le macadam des parkings résonne. Iels s’accrochent les unes et les uns aux autres, par les épaules, par les bras, par les cous, par les dos. Iels s’agrippent à leurs adelphes pour rester dans la danse. C’est la danse frénétique des sauts de parking. Leurs respirations se synchronisent et le bruit des sou es se cale sur le bruit de leur chaussures qui claquent sur le sol goudronné. La nuit s’intensifie et les lumières de la ville disparaissent peu à peu pour laisser place à l’éclat de la lune. Iels continuent de sauter. Iels continuent de se tenir entre elleux. Iels sont une masse rebondissante dans la nuit goudronnée. Leur sueurs coulent sur leur front, dans leur dos et sur leur cuisses. Des gouttes s’écrasent sur le sol qui devient de plus en plus poussiéreux. Iels laissent peu à peu la dureté du macadam pour s’enfoncer dans les terrains vagues à la lisière des forêts. Leurs tenues de sport s’effacent et devient au fur et à mesure de leurs sauts des costumes scintillants rose bonbon, rose pastel, lilas et rose diamant. Iels s’accrochent toujours les unes et les uns aux autres.Toujours par les bras, par les cous, et par les dos. Iels serrent leurs mains respectives. Iels lâchent du poids sur les épaules du groupe. Il arrive que leur regards se croisent et que des sourires s’esquissent aussi quelques fois. Mais ce qu’on peut voir dans leur yeux c’est une concentration à s’abandonner au groupe, à se laisser envahir par son énergie. Chacun.e y injecte un peu de soi et reçoit un peu des autres. L’énergie circule aux rythmes de leur sauts et de leur souffle. Certain.e.s parlent d’un rituel féerique. Le goudron a complètement disparu et les fées sautent dans la nuit absolue. Sous le poids de leur sauts, craquent les brindilles et l’humus de la forêt. Iels traversent la nuit et le soleil commence à percer les nuages. Protégé.e.xs par les arbres, iels continuent de sauter au même rythme intense, iels continuent de claquer leur pied sur le sol. Iels goûtent ses différentes textures. Le jour est levé, iels ont grimpé la colline et leur danse surplombe la ville. Le bruit des cigales se mélange au bruit de leur sou e et de leur chaussures qui claquent sur le sol. Leur corps se mélangent dans la frénésie, on a parfois du mal à distinguer à qui appartient cette main, cette jambe ou cette tête. Et pourtant chacun.e dispose encore de sa propre énergie. Chaque sauteurse injecte de sa magie dans la masse rebondissante, dans ce groupe de fées venu des parkings goudronnés nocturnes.
Traverser la nuit monter la colline2021, capture d’écrans, vidéo, 20’06”
Images : Soizic Pineau; costumes : Maviedartiste1995; Avec : Florian Mota, Sarah Korzec, Neila Khodja Nabitz, Gaëtan Dubroca, Sarah Diep
3 bisf, lieu d’arts contemporains, Aix-en-Provence, Carte blanche Région Sud